peinture

La parole en couleur

L’ émotion visuelle est immédiate à la différence du plaisir de la lecture, qui passe par un trajet.
Les mots ne sont entrés dans la peinture qu’assez récemment ; ils y introduisent toujours un dérangement parce que l’œil qui lit n’est pas l’œil qui voit. Quand la double sollicitation est offerte à la fois, le regard éprouve un déchirement, qui est aussi l’occasion d’une prise de conscience. Au fond, ce qui entre alors en rivalité ne relève pas seulement de la contradiction entre la ligne et l’espace, voilà que s’affrontent deux types de relations et deux manières d’être au monde.
Il apparaît ainsi que la peinture, loin d’être une décoration ou une illustration, comme on le voudrait souvent, met tout naturellement en question notre rapport avec les choses et avec les Autres.

texte de Bernard Noël pour le catalogue de Patrick Litzler